- Tu as entendu ça ? chuchotai-je.
- Chut, ne fais pas de bruit, dit Nyra tout en éteignant la lampe torche
qu’elle tenait de ses mains tremblantes.
Les ténèbres nous entouraient. Et cette fois,
ce n’étais pas métaphorique. Je pris la main de Nyra et nous revinrent sur nos
pas jusqu’au bout de l’allée d’étagères. Au loin, j’aperçus un mince filet de
lumière. Ce devait être la lumière du couloir qui filtrait par le
dessous de la porte.
Nyra était collée à moi et je nous dirigeais à
tâtons dans la pénombre. Ma main me servait de guide glissait contre la paroi
rocheuse. Nous avançâmes sur quelques mètres encore avant qu’un terrible fracas
ne fasse hurler Nyra qui s’enfuit en courant. Du moins c’est la vision qui me
vint à l’esprit car quand les cris cessèrent, mon amie n’était plus là.
J’hésitais à l’appeler. C’était tout juste si
j’osais respirer tellement j’avais peur. Peur de signaler ma position, peur de…
Quoi au juste ? Nous étions toujours dans l’école après tout. Après
plusieurs minutes de réflexion, je décidai de reprendre ma lente progression
vers la porte d’entrée en m’aidant du mur. Le calme était revenu et seul le
frottement de ma paume sur la pierre rugueuse brisait le silence.
Sinead…
Je m’arrêtai net. Aucun bruit. Ma première
pensée fut que j’étais en train de devenir folle. Il fallait absolument que je
sorte de cet endroit.
Sinead…
Cette fois, j’entendis clairement une voix
dans ma tête. Mon sang se glaça. J’aurais volontiers pris mes jambes à mon cou pour
courir jusqu’à la lumière mais je n’y voyais toujours rien et, pire encore, la
porte semblait s’éloigner de plus en plus à mesure que je tentais de m’en approcher.
La panique s’empara de moi. Une panique
sournoise et froide qui ondulait sous ma peau et se répandait comme un poison.
J’étais persuadée que j’allais mourir ici, et Nyra avait disparu. Je
m’inquiétais pour mon amie, mais la désagréable sensation que quelqu’un
m’observait annihilait toute autre pensée.
Sinead…
Mon cri brisa le silence. Cette fois la voix
n’était pas dans ma tête, mais juste derrière moi, à quelques centimètres de
mon oreille. Un pur sentiment de terreur s’engouffra dans mon corps et mon
esprit. J’étais paralysée par la peur et des larmes silencieuses roulaient le
long de mes joues.
Une odeur fétide de putréfaction se répandit
autour de moi et la nausée me sortit un peu de ma torpeur. Je la sentais,
c’était l’odeur de la Mort.
Sinead, Chapitre 8
Dynjandi, du haut de Fjallfoss - Islande |
Chloé
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